Minimalisme et enfants : est-ce possible ?
Cet article sur le minimalisme nous ai proposé par Léonore Emery du blog Voyager-Decouvrir.com. Si vous êtes un voyageur, ou du moins, un voyageur en devenir et que souhaitez peut-être voyager sur une longue période ou vous prévoyez de vous lancer dans l’aventure de la vie sur la route, ce blog vous comblera !
Minimalisme et enfants : est-ce réalisable ?
Une chambre remplie de jouets, des cadeaux à chaque fête et nos enfants ne sont toujours pas satisfaits… La société dans laquelle nous vivons en Occident incite à la consommation, notamment dans l’univers des enfants. Proies faciles, les enfants sont attirés par ces jeux tout neufs, à la technologie toujours plus poussées. Mais après seulement deux ou trois utilisations, ces nouveaux jouets n’ont plus aucun intérêt. Et c’est reparti. On rachète, on consomme brièvement et on jette. Ce cercle vicieux a non seulement un impact négatif sur la planète mais également sur nos enfants.
Une perte d’intérêt du monde extérieur, une dépendance à la consommation et un manque de motivation et d’activité physique sont les résultats visibles de ces comportements. Mais se cachent derrière des dégâts bien plus importants, notamment sur leurs capacités cognitives.
Alors que je réfléchissais à ma propre consommation, moi jeune voyageuse d’une vingtaine d’année, mes pensées ont dérivées sur l’impact sur les enfants que la société de consommation pouvait avoir. Ce monde dans lequel nous vivons nous entraîne où il veut, nous crée des plaisirs éphémères nécessitant d’être assouvis constamment à coup de dépenses toujours plus grandes. C’est pourquoi, à mon avis, le bonheur est à chercher ailleurs, quitte à devoir réfléchir un peu plus, aussi bien pour nous que pour les générations futures
Après de profondes réflexions, le minimalisme m’a semblé être la solution. Chemin difficile à entreprendre et à maintenir droit, le minimalisme est un mode de vie où réflexions et implications sont les bases.
Alors, minimalisme et enfants : est-ce vraiment réalisable ? Vivre minimaliste et revenir à une simplicité est-il vraiment possible avec des enfants, sachant qu’autour d’eux il existe tout un tas de tentations ? Mais surtout, comment satisfaire nos enfants et être généreux envers eux sans les submerger d’objets et de jouets ?
Il y a seulement quelques décennies les enfants jouaient avec très peu d’objets, passaient leur temps à courir dehors et/ou à aider leurs parents. Je me demande alors pourquoi de nos jours c’est si difficile de revenir à une simplicité de vie avec les enfants sans pour autant lâcher leur éducation. Ces questionnements m’ont amené à faire des recherches sur la question afin de trouver des réponses et de proposer une vision de ce qui est possible. Et si on tentait l’expérience du minimalisme avec eux ?
Je vous propose donc dans cet article de voir comment une vie minimaliste peut se traduire en famille, comment expliquer aux enfants le dicton « avoir moins pour avoir plus », mais aussi comment commencer ce nouveau mode de vie. Nous terminerons par voir les bienfaits qu’offre le minimalisme sur nos enfants, et sur nous-mêmes.
Parents et Enfants minimalistes
Une aventure en famille
Alors que le minimalisme demande de la réflexion et une implication personnelle pour qu’il fonctionne, il semble impensable de demander à un enfant de se lancer dans l’aventure par lui-même. Sans guide, les enfants ne peuvent se construire correctement et décider de ce qui est bon pour eux. C’est pourquoi, si l’on décide d’offrir autre chose à ses enfants, de réduire sa montagne de jouets en plastique et d’écrans en tout genre, il est important de lui proposer des alternatives. Mais il est surtout indispensable que ce nouveau chemin entrepris se fasse en famille. Une prise de conscience et une implication communes sont nécessaires.
Ce retour à l’essentiel et à la simplicité se fait donc main dans la main en se posant les bonnes questions afin que les enfants comprennent depuis le début. Léo Babauta dans No Excuses : Minimalism with kids, le mentionne très bien : le minimalisme dans une famille est basé sur la conversation de ce qui est important. Il faut donc trouver ensemble et en commun le chemin vers le bonheur, l’épanouissement, en privilégiant les choses simples, essentielles.
Donner du temps à nos enfants donc : est-ce la clé pour offrir un retour à l’essentiel ? Avoir des enfants demande une attention et une implication importante, mais avoir des enfants c’est décider d’assumer la responsabilité de les élever soi-même, de leur consacrer du temps et non de les assaillir de jouets pour qu’ils s’occupent tous seuls.
Changez les choses petits à petits, en famille et en continuant les discussions, semblent être alors le meilleur moyen d’offrir le meilleur aux enfants.
Étapes pour entrer dans le minimalisme avec ses enfants
Ok. C’est bien joli de discuter mais concrètement, comment mettons-nous en place le minimalisme dans la vie des enfants ?
- 1ère étape : La première chose à faire est donc, comme nous l’avons vu, de discuter et de réfléchir en famille, parce que sans explication et sans communication, un enfant ne pourra pas donner de sa personne et ouvrir les bras à ce mode de vie.
- 2ème étape : S’ensuit une mise en place de la vie de famille, tout en procédant par petites étapes. Il ne faut pas tout jeter, se priver de tout et ne manger que du pain sec du jour au lendemain (et même sur le long terme, ce n’est pas le but). Chaque chose en son temps. Faire des choix ensemble qui correspondent à tous. Il faut commencer par réfléchir sur l’utilité de tout ce qui encombre la maison, sur l’utilité des objets dans notre vie et dans celle de nos enfants. Une fois les choix définis, il est nécessaire d’adapter la vie de famille afin qu’elle ne soit pas affectée.
- 3ème étape : Trouver des alternatives pour remplacer les objets et jouets. Stephen de consoglobe.com appuie bien sur le fait qu’il faut apprendre à nos enfants à ne manquer de rien. En, notamment, les entourant de toute l’attention nécessaire, mais aussi en les faisant participer à la vie de la maison. Léo Babauta, quant à lui, a décidé de privilégier les activités gratuites et les plaisirs simples avec ses enfants, afin qu’ils ne sentent pas de manque des biens matériaux.
- 4ème étape : Afin de toujours stimuler les enfants et les faire participer à ce changement de mode de vie, Léo Babauta propose encore de lancer des défis familiaux. L’un de ses exemples favoris est de voir si la famille s’en sort sans tel ou tel objet. Belle façon de faire le tri également ! Mais surtout de faire comprendre aux enfants qu’une surconsommation entraîne un encombrement et l’inutilisation de la plupart du matériel. En stimulant les enfants par des défis/jeux, ils ont l’opportunité de laisser leur créativité s’exprimer.
- 5ème étape : Lorsque la vie de famille a trouvé une stabilité après ces différents changements, il suffit de continuer à vivre tout simplement, en adaptant au fur et à mesure. Léo Babauta insiste encore sur le fait qu’il est primordial de rester présent à chaque étape, à chaque moment de la vie des enfants. Montrer l’exemple en étant présent et en étant « the mindful example of change for your family » (« l’exemple conscient du changement de votre famille ») est sans doute la chose la plus importante.
Faire face aux réponses de la société
Décider de changer notre façon de vivre et de consommer peut être ce qu’il y a de plus simple. L’application apparaît déjà plus compliquée, mais vivre minimaliste face à la société peut vite nous décourager. Les enfants, plus que quiconque, sont influençables et envieux. Alors que faire face à la société qui les poussent à vouloir toujours plus ? Les grands-parents voudront les gâter en leur offrant pleins de cadeaux, les copains leurs montreront leur dernier jouet à la mode…
Léo Babauta ainsi que Stephen de consoglobe.com affirment que la solution face à ces situations est de parler à ses proches, de parler autour de soi de ce changement qui s’est produit dans la famille. Cette discussion élargie permet d’expliquer et de permettre à ses enfants de prendre conscience que c’est quelque chose d’important. Si à la maison, les enfants ont suffisamment pour s’épanouir ils ne seront que très peu envieux.
Dans son article sur la question de Noël, Léo Babauta a, là aussi, une réponse. Alors que dans son article sur le minimalisme avec les enfants il avançait qu’il fallait changer les traditions de façon positive, il précise dans The Case against buying Christmas Presents, que l’essence même d’offrir des cadeaux a été malheureusement détourné par la société consumériste. Et Noël est un parfait exemple. Offrir et recevoir des cadeaux deviennent une corvée. Il propose, contre ce phénomène, d’offrir de son temps, d’offrir des activités avec ses enfants plutôt que des jouets. Courtney Carver sur son blog bemorewithless appuie elle aussi sur la présence plutôt que les présents.
Stephen répond à une question importante vis-à-vis du regard des autres parents : vais-je apparaître comme un parent indigne ou qui prive son enfant ? Ainsi recouvrir de cadeaux son enfant est donc seulement pour montrer aux autres que l’on a une bonne qualité de vie et que l’on donne suffisamment d’amour ? Stephen avance que la « forte pression sociale à l’achat » devrait nous permettre de nous poser les bonnes questions sur ce qui est vraiment essentiel. Quant à Courtney Cave, dans son article Minimalisme for families : the dos and the don’ts, elle encourage de ne pas se comparer aux autres et d’offrir ce qui est le mieux à nos enfants.
Les bienfaits du minimalisme et d'une vie plus simple sur nos enfants
Denaye Barahona de Simple Families a rédigé un article très intéressant sur le blog Becomingminimalist.com où elle affirme que, de nos jours, le minimalisme est essentiel pour les enfants ! Invoquant des problèmes d’anxiété, de stress autant pour les enfants que pour les parents, elle s’est tournée vers le minimalisme pour permettre à sa famille de se focaliser sur ce qui est réellement important.
Voyons désormais quels sont réellement les bienfaits et avantages du minimalisme sur nos enfants.
Booster leur créativité/imagination
En entrant dans le minimalisme, les enfants feront preuve d’une incroyable créativité qui était jusqu'alors endormie. La société actuelle offre des jouets tout fait, de la technologie de pointe où imagination et créativité ont perdu leur place. Leurs cerveaux ne travaillent plus de ce côté-là.
En privilégiant le minimum de jouet mais en les choisissant bien, c’est-à-dire simples, multifonctionnels et créatifs, où l’enfant peut créer, construire, s’exprimer et/ou inventer, vous développerez chez lui des capacités créatrices qui l’aideront pour la suite de sa vie. L’application du concept de défi avancé par Léo Babauta démontre également, qu’en faisant participer les enfants aux choix minimalistes dans la vie de famille, ils pourront exprimer leur créativité.
En devenant créatif, les enfants développent également l’attention, la confiance en soi, l’adaptabilité et l’ouverture au monde. Pas mal, non ?
Jouer et vivre avec la nature
Devenir minimaliste avec ses enfants est donc, comme nous l’avons vu, un retour à la simplicité de la vie et une prédominance de la présence sur les présents matériels. En privilégiant les moments simples en famille, la nature sera votre terrain de jeux. En ne laissant pas ses enfants devenir sédentaires, Denaye Barahona les encourage fortement à jouer à l’extérieur.
Ils peuvent donc découvrir les bienfaits de l’activité physique, l’apprentissage du respect pour l’environnement ainsi que l’appréciation des beautés naturelles.
Une récente étude publiée par l’Université de Hong Kong en partenariat avec l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande (janvier 2019) a affirmé que jouer en pleine nature, et avec elle (donc en devenant créatif avec ce qu’il y a sous la main), était extrêmement bénéfique pour le comportement des enfants. En effet, les enfants qui entretiennent un lien étroit avec le monde naturel sont moins anxieux, plus calmes – donc moins de cas d’hyperactivité –, et dévoilent un comportement prosocial, c’est-à-dire des comportements de souci de l’autre, d’entraide envers autrui.
Une autre étude menée en 2018 par le Centre pour la recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone a démontré que les enfants en contact avec la nature de manière régulière possédaient des capacités cognitives supérieures, une meilleure mémoire ainsi qu’une capacité d’attention plus élevée.
Jouer dehors, en pleine nature, est donc extrêmement bénéfique pour les enfants car tous leurs sens sont en éveille et apprennent à fonctionner avec. Une prise de conscience du monde et du vivant est également l’un des bienfaits, si l’on consent à leurs apprendre à être présents à la nature, à la respecter – et non à la considérer comme un bien de consommation à l’instar des sites touristiques.
Passer du temps gratuit en famille à l’extérieur a donc plus d’un avantage sur le bien-être des enfants.
Voyager pour ouvrir l'esprit de nos enfants
Et quoi de mieux que de voyager pour faire découvrir la nature à nos enfants ?
Je n’ai peut-être pas d’enfant mais je peux vous garantir que partir à la découverte du monde a plus d’un bienfait – pour nous comme pour les enfants.
Et là aussi le minimalisme a sa place.
En effet, lorsque nous décidons de vivre une vie minimaliste, nous choisissons également une vie tournée vers l’extérieur, vers la recherche de l’essentiel dans les moments vécus et non les choses accumulées. Les voyages offrent cette possibilité de tourner notre attention vers le moment présent, vers les découvertes et l’apprentissage.
Donner la possibilité aux enfants, dès le début de leur vie, d’explorer le monde leurs permet de développer tout un tas de capacités. En approchant d’autres cultures, ils apprennent qu’ils ne sont pas le centre du monde, que la réalité procure plus de joies que les jeux vidéo et évitent de développer de la peur vers l’inconnu, vers le différent.
Denaye Barahona expose, dans son blog, trois raisons d’emmener ses enfants découvrir le vrai monde. Elle y dévoile son enfance dans une petite ville confortable et familière où lorsqu’elle entendait une langue étrangère, un sentiment de suspicion et de peur naissait en elle. Cette crainte de la différence est plutôt mauvaise sur le long terme, créant ainsi des adultes potentiellement racistes, égoïstes, peureux et/ou fermés au monde. En emmenant les enfants en voyage, vous leurs offrez l’un des meilleurs apprentissages du monde : la confrontation avec la réalité, développant ainsi les mêmes capacités que mentionnées au chapitre précédent.
Alors, convaincus ?
Il n’y a pas une seule recette pour bien élever ses enfants. Mais une chose est sûre : leurs accorder de l’attention, de l’amour et leur apprendre le respect envers le vivant est la meilleure des solutions pour faire d’eux des adultes heureux et responsables.
Léonore Emery
Du blog Voyager-Decouvrir.com